Sylphides pourprées

Elles sont là, légères : deux Sylphides pourprées,
Virevoltant autour de moi, pauvre mortel,

Sous cette lumière rougeoyante, irréelle,
Aguichantes, de ce bois m'attirant à l'orée,

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Mains d'enfant, souvent rétives, parfois cruelles,
Tachées d'encre — pauvre cahier ! — à en pâlir,

Mains d'ado, timides devant les jouvencelles,
Hésitantes, craintives, n'osant pas s'offrir,

Elle était belle.
Elle était douce.
Elle était blonde.
Elle était sage...

Sous son blanc chemisier, ses petits seins mignons
Soutenaient mon regard, adorables fripons !
Sous sa jupe plissée, cuisses fines et dorées
Espéraient le zéphyr qui voudrait les montrer.
Insolent cache-cache, propice à me narguer !

Depuis bien des années, notre gouvernement
Vers le meilleur des mondes nous conduit patiemment.
De son droit régalien, il nous ôte vraiment,
Soucieux de notre bien, tous nos plaisirs gourmands !

Sous le maudit prétexte d'une bonne santé,
Par de pompeux discours, il nous prive de goûter
Une bien bonne chère ou un peu de fumée :
Adieu tous les plaisirs, si souvent célébrés !

A l’automne de la vie aujourd’hui arrivés,
Laisse-moi donc, ma mie, rêver… imaginer
Un tendre et doux écrin pour nos vieilles années,

Une petite maison au creux de la forêt ,
Où dans l’âtre cendré de notre cheminée
Des bûches de chêne, gaiement, vont crépiter ;

C’était un beau pays ! le mien, le nôtre…
Jadis heureux, la purée de nous autres,
Où se nouèrent tant d’amitiés sincères
Entre ces hommes d’horizons si divers,
Petites gens plus que colons nantis,
Le respect, une idée de la vie…

En ces rudes moments d’incertitude,
Puisses-tu me pardonner la peine que je te fais
Et ces ignobles bouffées d’inquiétude
Que, par ma négligence, j’ai ainsi provoquées !

Ma chère et tendre amie,
Petite île dans ma vie,
Caille sur mon canapé,
Je n’peux plus t’échapper !
T’envahis toute mon âme…
Aime-moi, belle dame !
Tendrement à tes pieds,
Et par l’amour porté,
Je rugis de bonheur,
Suis le serf de ton cœur ,
Fou, et pas qu’un peu,
De tes tendres yeux bleus.
Ta douceur si câline,
Rose chaleur féline,
Caressante et suave,
À en être l’esclave
Mon esprit suppliant
Vit de si doux moments !

© Robert Gastaud 13 février 2008

* Titre en hommage à Henri Salvador décédé ce jour

A mes amis et amies d’enfance

Toi qu’un temps j’ai aimé, d’amour ou d’amitié,
Partageant le bonheur de si précieux instants,
De jeux, de confidences, en vérité ton temps,
Je n’entends plus ta voix, plus jamais… plus jamais !

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