C’était un beau pays ! le mien, le nôtre…
Jadis heureux, la purée de nous autres,
Où se nouèrent tant d’amitiés sincères
Entre ces hommes d’horizons si divers,
Petites gens plus que colons nantis,
Le respect, une idée de la vie…
Oui, la sueur, pour tous, est bien la même
Sur cette terre qu’avec passion l’on aime !
Ainsi transplantés, de force ou de gré,
Espagnols, Allemands expatriés,
Baléares, Italiens ou bien Français,
Espéraient ici la faim oublier.
Musulmans, israélites, chrétiens
Se donnaient la main, partageaient le pain.
Cette terre promise qui m’a vu naître,
Comme avant moi nombre de mes ancêtres,
S’est un matin tristement embrasée,
Avec fureur détruisant l’amitié,
Brisant la vie de nombreux innocents,
Faisant couler des rivières de sang,
Jusqu’à ce jour funeste, issue fatale,
Ces pleurs sincères, cet exode infernal
Qui sans remords dispersa les familles,
Vidant le cœur des garçons et des filles,
Laissant à tous, victorieux et vaincus,
Le goût amer d’un paradis perdu.
J’en chiale encore très fort, bien des années plus tard,
De cette guerre atroce, de ce brutal départ,
De ce bonheur volé, de cette heure arrêtée,
De ces belles amours bien trop tôt avortées,
De tous ces tendres cœurs brutalement brisés,
De ces racines perdues, méchamment arrachées !
Mais ces larmes de rage n’effaceront jamais,
Ce triste sentiment si puissamment ancré,
Que pourtant ce gâchis eût pu être évité
Par des hommes, dits libres, prétendument sensés,
Qui, fiers et si sûrs d’eux, la guerre ont préféré
Quand tous dans ce pays nous savions vivre en paix !
Du plus profond de mon cœur,
Et crachant toute ma rancœur,
Je vous le dis tout net :
Politiciens, je vous hais !
© Robert Gastaud 31 janvier 2008