Promenades - Promenades : page 7

 

Malgré l’espace, l’ambiance feutrée est telle qu’on se sent dans un cocon.

Les serveurs et serveuses sont particulièrement discrets mais toujours attentifs. Un simple regard suffit à les alerter, pour une carafe d’eau ou une corbeille de pain.

Je ne sais d’ailleurs d’où il provient, mais ce pain de campagne tranché, bien cuit, doré à souhait, à croûte épaisse et à mie sombre me fait autant saliver que les feuilletés de l’apéritif. Je n’en ai jamais vu de semblable dans les boulangeries de la ville et me promets d’en demander la provenance au maître d’hôtel.

Mon invitée, que j’ai connue si simple dans les bistrots que nous avons fréquentés, est parfaitement à l’aise dans cette ambiance chaude et sophistiquée.

Ses gestes ne sont pas ceux d’une novice. Sa façon de porter à ses lèvres les toasts ou sa flûte de Champagne me charme.

Je contemple ses mains, m’attarde sur ses lèvres qu’un discret coup de langue débarrasse parfois de quelque miette. Mes yeux rencontrent son regard bleu profond qui manifeste son contentement et ont du mal à s’en détacher.

J’ai envie de remettre en place une mèche rebelle qui tombe sur son front, mais je n’ose pas.

Pour la première fois, ce soir, je la regarde. Jusqu’à présent, je l’avais simplement vue et, même si j’avais remarqué le charme qu’elle dégageait, je n’avais pas vraiment pris le temps de l’observer.

Je m’aperçois avec étonnement que je n’ai pas senti le parfum qu’elle porte ce soir.

D’habitude, c’était un parfum fleuri, discret, dont les effluves légères me parvenaient au hasard d’un coup de vent ou d’un rapprochement destiné à mieux désigner quelque curiosité à voir au loin. Ce soir, on croirait qu’elle ne s’est pas parfumée. Peut-être le bouquet de fleurs variées qui orne la table est-il en cause ? Mais je n’ai non plus rien remarqué à son arrivée à l’hôtel.

Mon regard est fasciné par ce pendentif qui semble m’interdire de baisser encore les yeux pour profiter du splendide décolleté. De petits seins ronds et fermes se laissent deviner, joliment mis en valeur par un soutien-gorge en fine dentelle blanche que son corsage légèrement moulant cache à peine.

Les entrées arrivent bientôt et nous émerveillent par leur présentation qui n’a rien à envier à leur parfum subtil. Les assiettes, immenses, ont été le prétexte à un magnifique travail de présentation qui, déjà, nous titille les papilles et nous ouvre l’appétit. Le vin blanc est fruité et frais et s’accordera à ravir avec ces entrées.

Pendant quelques instants, nous nous laissons aller à rêver à cette seule vue. Sans dire un mot, nous commençons à goûter et restons interdits de tant de saveur. Nous aurions envie de goûter le plat l’un de l’autre, mais nous risquerions de briser l’harmonie que chacun dégage. Nous nous contenterons d’échanger tout à l’heure nos impressions.

Le pain, dont j’ai déjà dit combien il est appétissant, s’accorde aussi à merveille avec ces mets, son parfum en rehaussant le goût. Nous devons nous méfier du vin qui pourrait nous enivrer et nous rendre incapables de profiter de la suite des réjouissances.

Pendant cette dégustation, nous parlons très peu, trop occupés à détailler les mélanges d’arômes. Par contre, nos regards gourmands et gourmets se croisent souvent : ils en disent long sur notre plaisir !

Nos assiettes achevées, nous nous décrivons mutuellement ce plaisir, aussi passionné l’un que l’autre.

Un silence se fait ensuite, tandis que nous buvons encore un peu de vin blanc.

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