Promenades - Promenades : page 3

 

Son rire clair m’enchante et je ne manque pas une occasion de le provoquer.

Plusieurs fois, elle est près de chuter, lâchant son guidon pour me désigner la petite maison qu’elle vient d’apercevoir là-bas derrière un bosquet ou l’animal qui fuit au loin.

Parfois, nous abandonnons nos vélos contre un buisson pour battre la campagne ou nous enfoncer dans un sous-bois par un petit chemin forestier.

Nous cueillons quelques grappillons de raisin rescapés des récentes vendanges. Les grains sont déjà presque secs et ont un goût prononcé très sucré.

Nous savourons aussi quelques noisettes que les écureuils ont oubliées, découvrons sous les feuilles mortes des champignons que nous laissons sagement à leur place, n’étant pas experts en la matière...

Marchant si souvent l’un près de l’autre, nous pourrions nous prendre la main, mais peut-être le charme serait-il rompu ? Nos regards et nos sourires se croisent souvent. On pourrait croire que nous avons grandi ensemble ! Jamais, même lors de notre première rencontre ni pour nous saluer, nous ne nous sommes touchés.

Nous n’en éprouvons pas le besoin pour être à l’aise l’un près de l’autre. Elle ne m’appartient pas plus que je ne lui appartiens.

Notre liberté est totale et pourtant, nous ne nous quittons plus du matin au soir ; pourtant, notre connivence est celle de vieux amis.

Deux bonnes semaines passent ainsi, où nous nous conduisons à la fois comme deux étrangers et comme deux complices de longue date.

Le moment de la séparation, hélas, approche. Ma moisson de photos est importante et peut être considérée comme terminée. Le temps ne tardera pas à se gâter et les prises de vues deviendront plus aléatoires.

Je me dis bien que je pourrais prolonger encore mon séjour car ma nouvelle amie ferait un excellent modèle. Sa beauté, son charme, sa décontraction, sa simplicité seraient de formidables atouts pour réussir d’admirables photos, mais je me suis aperçu que jamais, lors des prises de vues que j’ai pourtant faites en grand nombre, elle n’a posé pour moi.

Elle aurait pourtant pu accompagner nos hôtes que je ne m’étais pas gêné de photographier, mais – l’a-t-elle fait exprès – elle a toujours dû se placer à distance lors de ces clichés pour distraire l’attention de mes sujets, et je n’ai jamais ressenti le besoin de la mettre en scène.

Je suis cependant certain qu’elle accepterait d’être mon modèle pour quelques jolies images.

Bien que n’étant pas spécialiste de la photo de charme, j’aime beaucoup faire des portraits et j’aurais pu figer son magnifique sourire sur ma pellicule.

Mais peut-être ai-je envie de garder d’elle juste un souvenir, une image que je ne partagerais avec personne en n’ayant aucune photo d’elle à montrer ? Je pourrais même ainsi cacher à tous son existence !

Si je change d’avis, je pourrai tenter de la retrouver et, pour mon plaisir, faire alors d’elle de nombreuses photos, sages ou coquines et peut-être partager de nouveau la joie de nos précédentes découvertes, non plus en voyage d’affaires mais d’agrément.

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