Promenades - Promenades : page 2

 

Quelques jours plus tard, nous décidons d’explorer à vélo la campagne et les villages environnants. La route très vallonnée nous éprouve souvent.

Nous sommes émerveillés par la beauté des vignes aux teintes automnales, mêlant le vert pâle, le jaune, l’ocre, le roux, ou des forêts, aux couleurs tout aussi variées que le soleil encore chaud rehausse en fin de matinée. Quelques nuages moutonneux troublent à peine l’azur, donnant un relief supplémentaire aux paysages traversés.

Tôt le matin, la brume annonciatrice de belle journée voile merveilleusement ces paysages, leur donnant un aspect parfois fantasmagorique.

Je multiplie les prises de vues, bien au-delà des intentions premières qui m’ont conduit dans cette si jolie région.

Je me promets d’y revenir bientôt pour photographier les arbres nus et les étangs endormis dans la brume de l’hiver !

Nous ne nous contentons pas seulement du plaisir des yeux, mais nous profitons de ces balades pour faire halte dans de petits bistrots et goûter aux spécialités gourmandes régionales, arrosées d’un vin rouge, frais et léger, aux parfums de fruits rouges typiques du terroir que nous explorons.

Nous dégustons des pains de campagne cuits au bois et d’une saveur à damner un saint, des petits vins dont je me souviendrai longtemps, de la charcuterie et des fromages qui nous font bien souvent négliger le repas de midi.

Il nous faut pourtant maintes fois accepter de prendre ce repas avec des amis de rencontre, ravis de nous faire partager l’amour de leur métier et de leur terre.

Ils se laissent photographier sans crainte, aussi naturels que dans leur vie de tous les jours.

Nos hôtes posent de nombreuses questions, étonnés de l’intérêt que nous leur portons, mais nous y répondons le plus souvent par d’autres questions.

Même les chiens, nombreux dans ces campagnes, ne nous en veulent pas de troubler leur quiétude et nous regardent passer sans aboyer ou nous accueillent en jappant lorsque nous entrons dans une cour de ferme.

Je ne sais si des voitures sillonnent comme nous cette campagne et ces villages, mais nous ne les voyons pas.

Nous sommes dans un monde irréel, loin des bruits et des tracas de la ville. Ce pourrait n’être qu’un rêve, adorablement partagé !

Ma partenaire vit, elle aussi, au rythme de cette campagne et ne paraît pas regretter sa ville. Peut-être n’est-elle pas une vraie citadine et retrouve-t-elle là ses racines ? Elle ne m’en a jamais parlé ouvertement, cependant notre connivence est complète et nous prenons le même plaisir à ces découvertes.

Les jours passent ainsi, sans que nos conversations nous apprennent grand-chose l’un sur l’autre. Nous sommes plutôt tournés vers les autres et allons de conserve à leur rencontre, agissant comme si nous connaissions déjà tout l’un de l’autre.

Malgré la complicité qui nous lie et bien que nous ayons souvent le même réflexe d’émerveillement au détour d’une route devant un paysage inattendu, une vieille ferme ou une chapelle cachée sous les arbres, nous ne sommes toujours deux étrangers.

J’ignore pourquoi mon guide est aussi disponible. Que fait-elle dans la vie ? A-t-elle une famille, des enfants, un mari, des amis ? Est-elle en vacances et profite-t-elle de ma compagnie pour revivre de vieux souvenirs ? Qu’attend-elle de notre rencontre ?

Cette distance qui existe entre nous ne nous gêne nullement. Passer nos journées côte à côte nous suffit. Le soir, fourbus l’un comme l’autre, nous partons chacun de notre côté. J’ignore même où elle loge.

Si elle voulait abandonner nos promenades, il lui suffirait de ne pas venir au rendez-vous du matin : je n’aurais aucun moyen de la retrouver. Peut-être même son prénom est-il emprunté pour lui permettre de garder son mystère ? Elle ne porte rien qui puisse me renseigner plus avant.

Lors de nos repas, que nous prenons habituellement dans de petites auberges ou bistrots, je n’ose pas l’interroger sur son passé et son présent ne paraît être que nos escapades. Nous parlons simplement de ce que nous venons de voir et de ce qui nous attend encore.

C’est une jeune femme brune aux cheveux mi-longs et ses yeux bleus discrètement maquillés sont envoûtants.

Son nez fin, très légèrement retroussé lui donne un air espiègle. Ses lèvres délicatement soulignées par un rouge-à-lèvre clair offrent un sourire radieux à qui veut en profiter.

Elle replace souvent ses cheveux légèrement ondulés derrière ses oreilles finement dessinées. Son visage est ovale et elle en rehausse les pommettes par une légère touche de fard.

Sa peau est très claire et elle ne s’expose que peu au soleil. Ses mains sont fines, ses doigts longs, ses ongles courts et sans vernis et seule une bague portant un petit saphir de forme allongée orne son annulaire droit. C’est son seul bijou.

Elle ne porte pas de montre, le temps ne compte pas pour elle. Pourtant, elle est toujours à l’heure à nos rendez-vous !

De taille moyenne, sa silhouette fine et élancée, bien que non dépourvue de quelques jolies rondeurs, m’enchante lorsque, le matin, elle vient à ma rencontre. Tout cela, beauté et mystère, finit de me charmer.

Parfois, lors de nos promenades à vélo, j’en oublie la campagne et je reste derrière elle, rêveur, à la contempler quelques instants, avant de revenir à sa hauteur.

Je l’entends quelquefois chantonner tout en roulant. Elle m’oublie alors, perdue dans ses pensées ou attentive au paysage traversé.

Elle porte en général dès le matin un pull à col haut sur un chemisier et un pantalon de toile qu’elle retrousse pour ne pas le prendre dans le pédalier, parfois une jupe ample qui dévoile de jolis mollets tout ronds que de petites chaussettes de laine épaisse rendent désirables. Je l’ai toujours vue porter des chaussures confortables qui conviennent tout autant à la marche qu’au vélo.

Dans les restaurants que nous fréquentons, la chaleur lui permet de se débarrasser de ce pull et de me laisser deviner, dans l’échancrure du corsage, un délicieux décolleté et une peau que j’imagine très douce.

Sa voix est enjouée ; elle est toujours enthousiasmée par les rencontres que nous faisons, qu’il s’agisse d’un lapin, d’une grive ou d’un écureuil.

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